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Il y a le soleil, et rien d'autre.

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Et puis, maintenant, je suis malade - c'est étourdissant.
Tellement de choses à écrire sur toutes ces sensations. La douleur physique fait accéder à une autre dimension où plus rien n'est possible. Mais où tout est tranquille. Eclipse, cadre noir. Et la pression se relâche, un peu, puisque : qu'y a-t-il d'autre à faire ? (Et dire que je ne sais pas comment 'prendre soin de moi' : j'aurais plutôt envie d'ouvrir un livre pour mon mémoire. Mais la sérénité c'est de tout de même ne pas le faire et sentir que tout va bien).

Alors que dans la douleur morale, la vie continue d'exiger et il faut lui courir après. Peut-être dans des états seconds mais certainement pas hors de la dimension habituelle : rien n'est possible mais tout est à faire et je réalise toujours (à mon plus grand étonnement) cet impossible.

Le désespoir n'est qu'une fuite, un délabrement en cours, mais la vraie fièvre, les vomissements sont une halte forcée. Oui, la maladie est une rémission forcée.
Hier, avec un de mes cours, on avait une rencontre avec un poète américain et mon défi était de poser une question - je suis très fière d'avoir réussi ! Et il m'a dit que j'étais rimbaldienne ahah - j'y réfléchirais.

(Je n'ai jamais lu Rimbaud pour de vrai, en dehors des cours je veux dire, parce que tout l'enthousiasme autour de lui me dérangeait. C'est tellement cliché d'aimer un poète parce qu'on a fait de lui un génie, parce qu'il est connu. Et je déteste cette image d'enfant prodige. J'aime les 'miracles subjectifs' mais je déteste cette mythification qui fait de la 'vraie' création quelque chose de facile, qui n'est réservée qu'à des élus. Et puis, l'attitude bohème ne fait pas partie de mon monde, elle me blesse.) 
Je ne parle pas un mot d'espagnol mais j'ai été cherché une citation pour quelqu'un qui le comprend donc en attendant je pose ça là (parce que je trouve ça magnifique). (Alejandra Pizarnik est ma seule raison d'apprendre l'espagnol - mais c'est à la fin d'une longue liste de langues qui m'intéressent...)

"¿La poesía me ayuda? No. Ni escribirla ni leerla. Es esto lo que no quieres decirte desde hace años. Claro. La poesía produce una soledad tan bella... La verdad es otra: no hay que escribir. Siento náuseas. No. Siento miedo."
Bon, perdre ma seule amie proche est sans doute la solution.
Est-ce que vous comprenez pourquoi, quand je dis à quelqu'un que je me sens seule (sentiment qui me met souvent dans des états particuliers donc j'admets que je manque de délicatesse même si je fais des efforts), on me répond très souvent que je suis blessante (parce que je ne peux pas 'être seule' comme ces gens-là sont mes amis) ?

A vrai dire je comprends la réaction primaire (première), on met naturellement en avant notre ressenti à nous. Mais je n'arrive pas à supporter ce type de réponse (et généralement c'est à ce moment là que je pars totalement en vrille d'ailleurs - malheureusement), je me sens coupable et d'autant plus seule (avec cette impression que je n'aurais pas dû m'exprimer).
Je vois bien que je n'ai pas réussi à me faire comprendre et quand j'essaie d'expliquer calmement, j'ai l'impression que ça ne passe pas non plus. Alors qu'est-ce que je devrais dire ? Comment est-ce que je peux me faire comprendre ?
D'ailleurs je ne vois plus vraiment net (j'ai changé les verres de mes lunettes récemment, c'est sans doute un problème de fatigue ou d'accommodation ou que sais-je), ou plutôt je ne vois plus les détails, je baigne dans une atmosphère sans "contour" (sans limite ahah) et, quelque part, c'est reposant. C'est reposant quand je me promène, parce que je ne vois plus les traits des visages des gens (je suis moins attirée vers eux) et c'est plus facile de faire comme s'il n'y avait personne.
Et là où il n'y aurait personne, c'est là où je me sentirais bien, où l'angoisse disparaîtrait.
J'ai si peu confiance en moi que j'ai été incapable de répondre à ma directrice de mémoire quand elle m'a demandé si j'avais trouvé difficile de faire ce qu'elle m'avait demandé de faire (parce que j'ai peur de répondre mal - ce qui n'a aucun sens avec une telle question), c'est terrible.
Assez comique quand on sait que l'une des autrices sur laquelle je travaille dit que le manque de confiance en soi est un péché mortel. (Mais pour avoir confiance en soi, encore faudrait-il se débarrasser de cette peur qui me ronge, me dévore, m'engloutit - et il n'y a plus rien d'autre que les miracles solitaires dans l'oubli des autres).
Je feuillette le journal d'Alejandra Pizarnik (en français) qui parle joliment de certaines émotions que je ressens.
Elle écrit quelque part que l'homme du sous-sol de Dostoïevski lui ressemble, ce qui m'a fait sourire : j'ai passé toute mon adolescence à le considérer comme mon alter ego (et à le détester, aussi).
Et sans y revenir vraiment, reste ce fantasme d'aller quelque part où je sois vraiment seule (certes pas un sous-sol ?)
On passe notre temps à faire des choses étranges, dénuées de sens - comme essayer de comprendre comment les voyelles de "jacere" donnent "gésir" - et la vie n'est plus que grotesque. C'est un sentiment que je traîne souvent (depuis trop longtemps du moins) - cette impression de grotesque, de médiocrité.
Parce que je connais ces "états de grâce", oui, j'ai vécu dans une intermittence d'illumination où mes banalités devinrent merveilleuses (pour supporter leur médiocrité, les purger de ce grotesque qui me rendrait presque malade). Mais il faut vivre, matériellement, et continuer d'exister, hors de cet état de grâce. Et je demeure perplexe devant la médiocrité de cette vie, l'absurdité de tout ce qu'on fait (de tout ce qu'il faut faire).
Je trouve toujours ça aussi horrible d'être aussi seule.
Depuis le temps, je sais faire taire mes crises, et c'est ça qu'on appelle un "mieux".
Mais je suis terriblement seule alors la vie ne va pas. (Mais on peut continuer à se taire, à survivre jusqu'à).

J'avais l'habitude de disparaître mais personne ne s'en soucie (c'est normal, je ne dis pas le contraire - pourquoi envoyer des signes à des inconnus quand j'étais plus jeune ?) - puis les échanges médiocres permettent de survivre.
Mes parents me gonflent à être hyper négatifs et à alimenter mes peurs. La vie est déjà compliquée, surtout en étant isolée, mais s'ils voient du négatif dans chacun de mes projets (microscopiques ou gros), c'est trop !
Je suis déjà à fleur de peau (aller c'est moins pire qu'avant) dès que je constate que ma vie est médiocre, mais s'ils m'affirment que tous les plaisirs que j'anticipe sont en fait dangereux (et à ne pas réaliser), eh bien on n'en sort plus de la médiocrité et de la déprime qui l'accompagne...
J'ai l'intention d'aller à Prague et j'espère que rien d'extérieur (à propos duquel je ne peux rien faire) ne m'en empêchera. Parce que je ne laissera sûrement pas mes parents ou ma peur gâcher cet événement sur lequel je compte beaucoup.
En tout cas, je suis désormais tout à fait écœurée de cet "amour-passion" idéal, platonique et des ambiguïtés, des perversités. 
Maintenant, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse encore penser à l'amour déchiré, à l'amour passé.
Je ne regrette rien, mais l'amour est fini, ou je ne regrette rien, et l'amour est fini ?
Quoi qu'il en soit, on s'est fait trop de mal, on s'est trop disputé, puis on s'est trop incomprise pour espérer encore quoique ce soit. Même si je n'oublie certainement pas les gens qui ont marqué ma vie au fer rouge, ni les livres d'ailleurs.
Je suis devenue une autre personne, et oui, en partie grâce à elle, à partir du moment où je me suis mise à détester tout ce qu'elle aimait notamment (et, en effet, j'aurais pu me poser quelques questions à ce moment là) alors que nos goûts étaient plus ou moins proches initialement. En tout cas, je suis fière de pouvoir dire que je prends maintenant le parti de la vie contre tout imaginaire, contre tout rêve... Puis j'ai appris à aimer les banalités, la simplicité, c'est-à-dire un peu de la tranquillité que j'ai toujours cherché.
Maintenant, il y a quelque chose du vide dans ces absences de confidences répétées, mais de solitude, aucune. Et libre à moi de me tracer mes mots sans demander incessamment le regard d'autrui ?

Au contraire de la fille des fables : je sais qu'il y a d'autres femmes à aimer, d'autres confidences à donner, d'autres bonheurs à vivre...
D'une certaine manière, je crois que je la considérais comme "la femme de ma vie" pour utiliser des expressions usées (mais qui sont celles qui signifient précisément ce qu'on veut dire, peut-être parce que l'amour est un cliché qui nous est cher). Mais de toute évidence, je n'en avais pas conscience, sans doute en grande partie parce que ces mots n'avaient pour moi pas de sens.
Qu'est-ce que ça veut dire, aimer quelqu'un pour une vie ? Et puis, je ne pensais pas à aimer. Je ne pensais qu'à vivre, en duel avec la mort. Mais ça n'a plus d'importance. Ce qui en a, c'est que je ne savais pas ce que cela signifiait, la femme d'une vie. De ma vie ?
Bref, je ne suis plus fâchée, parce que je me suis remis certaines choses en mémoire, et c'est très triste, cette rupture (la deuxième, - nous avons vécu une sorte de sursis étrange). Mais elle était nécessaire. Il y en aura d'autres, des femmes de ma vie.
C'est dur d'être aussi seule.
Ce vertige du passé quand je dis, sans amertume, tu étais ma passion
Tout tourne autour de l'eau,
Ou du ciel qui est de l'eau,
Tout tourne autour de la peur,
Et des murs,
Tout tourne autour de la peur, de la mienne,
Tout tourne autour,
Je tournais pour avoir moins peur,
Mais tout tourne autour de l'eau,
De l'eau qu'on boit à l'eau qui noie,
Car tout tourne autour de la peur, de la mienne,
De la peur.
Je manque de souffle, je ne sais plus comment je faisais pour enrayer cela. C'est peut-être la cadence qui est haletante ? (J'ai peur qu'on me demande pourquoi je respire comme si l'air était limité).
C'est di.ngue
Jamais respirer, ah ça, jamais, jamais.
Je me demande comment les gens font pour que les autres répondent à leurs messages.
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