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Il y a le soleil, et rien d'autre.

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J'ai aucun sens de l'orientation, c'est hilarant. Je me serais perdue deux fois en sortant de la repro parce que je tournais systématiquement au mauvais endroit. [Après m'être perdue trois fois ce week-end dans mon propre quartier...]
D'ailleurs je trouve ça glauque, un peu, la repro, entre l'escalier qui mène au sous-sol (pourquoi la repro est au sous-sol ?!) et la salle un peu plus loin qui était ouverte sur une sorte de débarras...
Une employée de la BU qui me demande, après avoir rendu un livre, si j'ai l'intention d'aller travailler sur place alors que la BU ferme dans une heure et deux minutes plus tard une dame qui m'interpelle, parce que je monte les escaliers, pour me dire que la salle du 1er étage est fermée (j'allais au 2e étage) : apparemment j'ai pas l'air, mais je sais ce que je fais !
J'avais commencé un article d'un bouquin pas très intéressant hier et j'étais juste frustrée de ne pas avoir eu le temps de le finir (surtout que je pense que je ne rouvrirais plus ce livre de l'année donc j'avais hâte de pouvoir clore ça).
Quand ma directrice de mémoire m'a sorti "en terme de pragmatisme sur une échelle de 1 à 10, je dirais que vous êtes à 2" j'ai eu très envie d'hurler de rire. (Par ailleurs elle est adorable donc rien d'offensant).
Je fais de mon approche une qualité (et elle l'est sur certains points), mais par contre le revers de la médaille je me le prends en pleine face depuis octobre là. Les cours de pré-agrégation, notamment, sont profondément incompatibles avec ma manière de faire et c'est une souffrance continue pour moi. Classer des trucs en utilisant du jargon, et tout ça en s'appuyant sur du par cœur, ça me rend folle. (Je parle même pas des séries de déclinaisons et de conjugaison d'ancien français où je suis presque sortie du partiel en pleurant tellement ça m'excédait et me désespérait pour le concours !) Les concours, c'est d'abord accepter que je vais devoir faire quelque chose qui me déplaît profondément et qui sera éprouvant (je vis tout sur le mode de l'excès donc je ne pèse pas mes mots en disant que j'en souffre littéralement par moments).

ça m'a fait rire aussi parce que j'ai une aversion pour les cours bien organisés (et ça vient clairement de là). Je comprends l'intérêt d'un plan "didactiquement", mais j'ai tendance à le trouver superflu dans la mesure où je serais forcée de tout déconstruire et restructurer à ma manière si je veux m'en servir. Au pire, c'est un carcan. Et c'est pareil pour les définitions : j'ai toujours trouvé ça chiant, les profs qui passaient un quart d'heure à donner des définitions (surtout quand c'est jargonnant et qu'on n'y comprend rien ou que c'est juste pour justifier un titre ou je ne sais quoi et qu'on n'y revient jamais ensuite. Je le voyais comme de la décoration inutile). Pourtant il paraît que ça permet de savoir de quoi on parle... à croire que j'ai passé mes études dans un flou total. En partie parce que je pense aussi la définition comme un carcan (qui ne traduit jamais la réalité du concept, souvent élastique et plein d'écarts) et que je tends à réfléchir selon ma propre compréhension du mot (ce qui a évidemment ses limites). Quand j'y pense, j'ai souvent utilisé des définitions dans des devoirs parce que ça faisait joli et que c'était un attendu, mais la vraie histoire se passait ailleurs. (Sauf dans les cas où la définition EST le cœur de ce que j'écris).

Bref, le pragmatisme est loin et la vie est dure... (Si je passe effectivement l'agrégation, je pense qu'on va bien s'amuser, ce sera le chaos total au début).
Tout à l'heure, j’ai très distinctement demandé, sans préméditation : “Est-ce qu’il fait toujours froid au 19e ?”
Plus themersonien, tu meurs.
(Allez savoir ce que faisait le 19e siècle ici, je voulais juste savoir si la salle de lettres de la BU avait toujours son warning "salle froide")

[Je pense très exactement à la première page de Bayamus où il y a ce dialogue :
"- Et maintenant, lequel voulez-vous voir, le Théâtre d'Anatomie ou le Théâtre de la Poésie Sémantique ? demanda-t-il.
- Les deux, répondis-je.
- Eh bien, dit-il, le Théâtre d'Anatomie se situe en 1815.
- ça ne fait rien, dis-je.
- C'est parfait alors, dit-il, allons-y."]
En tout cas dernièrement dans mes rêves c'est le défilé de mes anciens amours. Sauf que les rêves ne sont pas très intéressants.
J'ai l'intention de reprendre (en fait organiser pour de vrai) mon journal de rêves !

Les rêve ont longtemps constitué une partie de mon identité. Depuis que je suis en primaire en tout cas, j'ai pris l'habitude d'y faire attention et d'en raconter certains. (O. me disait qu'elle se souvenait beaucoup plus de ses rêves depuis que je lui parlais des miens. Je pense à Perec qui disait qu'il finissait par rêver pour écrire ses rêves : d'une certaine manière O. s'en souvenait pour me les raconter).
Ce n'est pas tant l'interprétation qui m'intéresse que cette impression de mener une autre vie, parallèle à la vie réelle, où tout est possible, où nous expérimentons jusqu'à ce qu'on ne peut même pas imaginer consciemment. (Cet au-delà de l'imagination ?)
Et tout ce symbolisme, les significations cachées, voilées : une poésie visuelle. C'est une euphorie, de pouvoir "entrer dans un poème" au sens fort. Puis ce n'est pas seulement une poésie visuelle, mais une expérience du sensible totale. J'y pense : une solution à cet écueil que je trouve dans la littérature, qui est qu'elle déréalise le sensible. Ecrire les rêves, ce serait comme boucler la boucle, contempler un objet qui se déploie à la fois dans le sensible et le langage.
Et puis, bien sûr, le rêve, palliatif de la vie manquée...

Pourtant, depuis quelques années maintenant, mes rêves ont perdu de leur magie et je ne fais plus l'effort de m'en souvenir. Je veux des rêves qui soient des apothéoses, des épiphanies : ah oui, les quelques diamants dans un tas de banalités.
Et à la fin j'aurais vécu deux, ou trois fois.
J'ai jamais mis les pieds à la Sorbonne et je pense que ça conditionne mes rêves sur cette université puisque cette nuit j'allais sur les toits de la Sorbonne et l'autre jour je visitais ses caves. Comme je n'ai pas d'image des intérieurs, apparemment mes rêves comblent non pas en imaginant mais en m'emmenant dans des endroits improbables ahah (existants peut-être mais la Sorbonne ce n'est ni des toits ni des caves pour moi !)
Depuis qu'on a pu enlever les masques, je redécouvre les odeurs (le monde à travers les odeurs) et j'adore ça, explorer ces odeurs !
Je marche - et les feuilles par terre sont un parfum. Que je n'avais jamais fait attention à sentir. Les centres commerciaux : des bocaux que l'on ouvre quand on passe devant les boutiques (surtout les boutiques alimentaires du 2e étage. Senteurs agressives, désagréables, piquantes, sucrées mais charmantes malgré tout parce qu'elles sont la découverte).
Tout à l'heure, dans la boutique, je n'ai pas pu m'empêcher de dire à la vendeuse que le shampoing qu'elle me faisait sentir avait l'odeur des coulisses d'un théâtre. Cette odeur si particulière que j'aime, que j'aime. (J'aime d'abord les théâtres pour les sens : la poussière, les lumières aveuglantes, les coulisses toutes noires, les odeurs, oui). Elle était prise de court, n'avait jamais entendu ça. Mais moi non plus je ne saurais pas dire ce que sent un théâtre. Mais ces odeurs associatives me font sourire.
Mais mon odorat, oui, ça fait sens : la seule synesthésie que j'expérimente revient à pallier la faiblesse de mon goût. Les aliments prennent le goût de l'odeur des choses. Et quand j'y fais attention : un paradis absurde. Les endives cuites de midi avaient le goût d'un objet dont la matière hésite entre le plastique et le caoutchouc.

Il fallait sortir (poser les pieds dehors) et être démasqué pour découvrir la richesse de l'odorat. (Comme j'aimerais pouvoir enfermer l'odeur des lieux dans un flacon !)
Il y a plein de gens au milieu de la ROUTE qui chantent/hurlent en lien avec le foot. J'hallucine ?!

Mais ce que je comprends le moins, c'est qu'il y a des gens qui préfèrent regarder le foot plutôt que d'aller à la fête des lumières ??! (même si d'un autre côté on n'est pas obligé d'y aller tous les soirs, certes...)
Je suis frustrée que mes textes ne soient pas publiés dans le "journal" de mon école - mais en même temps une personne de ma classe qui avait participé au comité de lecture l'an dernier m'avait expliqué que le choix reposait presque exclusivement sur le copinage (aucun hasard si on retrouve toujours les mêmes noms - dont ceux des responsables du journal ?). [Et je ne suis absolument pas impliquée dans ce journal ni je n'ai beaucoup de connaissances ahah]
J'avais participé à un de leur atelier d'écriture en début d'année et je m'étais sentie tellement "à part" dans mon écriture ! Ce qui expliquerait aussi pourquoi ce que j'écris n'est pas forcément apprécié. Il faudrait faire de la narration et du comique. De la poésie bien versifiée ou écrire sur l'adolescence.
J'ai une image claire de ce que je veux que mon style soit (même si je suis sujette aux renversements complets, cf mon opinion sur Mallarmé) et ça ne correspond pas à ça. Surtout dans ma recherche de l'émotion brute. Et d'une certaine manière, là, j'écris pour moi... Bref, à considérer.
Même si je me détache de cette 'association' : j'aimais écrire dans le journal de ma prépa parce que je partageais cette écriture, nos textes, avec d'autres personnes. Ce qui n'est absolument pas le cas ici et c'est dommage. Il faudrait les rencontrer, ces gens qui écrivent... mais je suis plus à l'aise dans l'intimité, les groupes ne (me) mènent à rien (donc à rien les réunions de l'association où, de toute façon, je ne vais pas pour cette raison-là).
J'ai l'impression qu'il n'y a aucune "continuité" dans ma propre perception de moi-même. Quand je retombe sur des choses que j'ai pu dire auparavant, souvent je n'en avais aucun souvenir, aucune conscience (bref, je tombe constamment des nues en "découvrant" que j'avais déjà pensé telle chose sous une forme un peu différente, quand je constate des répétitions, des schémas...) Je peine à faire le lien entre ce que j'écrivais et ce que je suis à l'instant présent. C'est comme... l'autre moi (?), une personne lointaine que j'ai connue, oui, je le sais mais... comme un rêve qui s'efface où tout est flou.
Je "fais de la littérature" en répétant que je me tue métaphoriquement sans cesse, que j'ai besoin de renaître après avoir été au bout, à bout (de moi, du réel, des sensations). Je dis : blackout total, éblouissement, renaissance pure (rien avait n'a été). En "littérature". Mais c'est comme cette inconsistante réelle, dans ma vie. Blackout total et puis il y a cet autre, là, qui fut... moi. Amnésie.
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"Pyromanie" aussi dans mes intérêts, mes opinions. Je fous tout par terre (mort métaphorique), je vais sur l'autre rive. Une telle distance entre moi et ce que j'étais avant : non, impossible de me reconnaître. Mes goûts littéraires, par exemple. Cette instabilité incompréhensible. Mais me mettre à détester tout ce que j'adorais, et inversement : c'est tout moi. Et profiter d'une crise quelconque pour passer de l'autre côté. Oui, Mallarmé par exemple. Que des idées dont je raffolais avant, je le sais (et mon amour passager pour Valéry). Et puis, du jour au lendemain, à cracher sur lui. (Toujours dans l'excès). Et du jour au lendemain sans pouvoir me souvenir véritablement que je pensais différemment, comme si ma haine avait toujours été. Moi non plus je ne me suis pas.
C'est pire encore, sachant que mes opinions sont viscérales - dans l'émotion pure (oui à fleur de peau). Je me déroute...
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Bref : j'ai tant et tant à écrire (quelle joie !) et si j'ai arrêté c'était selon ce type de revirement. Je vivais de manière poétique, et je ne l'ai plus supporté (et le réel était plat). Et maintenant je suis écartelée entre ces deux états : cette poétisation qui me paraît si artificielle mais belle (et la seule vie où je me 'reconnais') et la réalité, exigeante, violente (que l'on peut exprimer, aussi, différemment), présente, toujours, toujours.
Je suis assez timide et angoissée pour être très gentille (pour m'excuser quand j'ai tort) mais alors il y a vraiment des conseillers du service après vente qui sont insupportables. Et maintenant je suis furieuse. J'ai passé 15 minutes avec quelqu'un qui m'a plus ou moins engueulée parce que je ne faisais pas les choses comme il voulait (comme fixer un rendez-vous moi-même plutôt que ce soit ma propriétaire qui le fasse - on s'était arrangé entre nous) et que je n'habitais pas où il voulait (presque impossible de lui faire comprendre que mon adresse n'était pas à Lille ???) et il a raccroché ?!
Puis j'ai rappelé et le conseiller suivant m'a fait ce que je voulais en 3 minutes...
Et puis, maintenant, je suis malade - c'est étourdissant.
Tellement de choses à écrire sur toutes ces sensations. La douleur physique fait accéder à une autre dimension où plus rien n'est possible. Mais où tout est tranquille. Eclipse, cadre noir. Et la pression se relâche, un peu, puisque : qu'y a-t-il d'autre à faire ? (Et dire que je ne sais pas comment 'prendre soin de moi' : j'aurais plutôt envie d'ouvrir un livre pour mon mémoire. Mais la sérénité c'est de tout de même ne pas le faire et sentir que tout va bien).

Alors que dans la douleur morale, la vie continue d'exiger et il faut lui courir après. Peut-être dans des états seconds mais certainement pas hors de la dimension habituelle : rien n'est possible mais tout est à faire et je réalise toujours (à mon plus grand étonnement) cet impossible.

Le désespoir n'est qu'une fuite, un délabrement en cours, mais la vraie fièvre, les vomissements sont une halte forcée. Oui, la maladie est une rémission forcée.
Hier, avec un de mes cours, on avait une rencontre avec un poète américain et mon défi était de poser une question - je suis très fière d'avoir réussi ! Et il m'a dit que j'étais rimbaldienne ahah - j'y réfléchirais.

(Je n'ai jamais lu Rimbaud pour de vrai, en dehors des cours je veux dire, parce que tout l'enthousiasme autour de lui me dérangeait. C'est tellement cliché d'aimer un poète parce qu'on a fait de lui un génie, parce qu'il est connu. Et je déteste cette image d'enfant prodige. J'aime les 'miracles subjectifs' mais je déteste cette mythification qui fait de la 'vraie' création quelque chose de facile, qui n'est réservée qu'à des élus. Et puis, l'attitude bohème ne fait pas partie de mon monde, elle me blesse.) 
Je ne parle pas un mot d'espagnol mais j'ai été cherché une citation pour quelqu'un qui le comprend donc en attendant je pose ça là (parce que je trouve ça magnifique). (Alejandra Pizarnik est ma seule raison d'apprendre l'espagnol - mais c'est à la fin d'une longue liste de langues qui m'intéressent...)

"¿La poesía me ayuda? No. Ni escribirla ni leerla. Es esto lo que no quieres decirte desde hace años. Claro. La poesía produce una soledad tan bella... La verdad es otra: no hay que escribir. Siento náuseas. No. Siento miedo."
Bon, perdre ma seule amie proche est sans doute la solution.
Est-ce que vous comprenez pourquoi, quand je dis à quelqu'un que je me sens seule (sentiment qui me met souvent dans des états particuliers donc j'admets que je manque de délicatesse même si je fais des efforts), on me répond très souvent que je suis blessante (parce que je ne peux pas 'être seule' comme ces gens-là sont mes amis) ?

A vrai dire je comprends la réaction primaire (première), on met naturellement en avant notre ressenti à nous. Mais je n'arrive pas à supporter ce type de réponse (et généralement c'est à ce moment là que je pars totalement en vrille d'ailleurs - malheureusement), je me sens coupable et d'autant plus seule (avec cette impression que je n'aurais pas dû m'exprimer).
Je vois bien que je n'ai pas réussi à me faire comprendre et quand j'essaie d'expliquer calmement, j'ai l'impression que ça ne passe pas non plus. Alors qu'est-ce que je devrais dire ? Comment est-ce que je peux me faire comprendre ?
D'ailleurs je ne vois plus vraiment net (j'ai changé les verres de mes lunettes récemment, c'est sans doute un problème de fatigue ou d'accommodation ou que sais-je), ou plutôt je ne vois plus les détails, je baigne dans une atmosphère sans "contour" (sans limite ahah) et, quelque part, c'est reposant. C'est reposant quand je me promène, parce que je ne vois plus les traits des visages des gens (je suis moins attirée vers eux) et c'est plus facile de faire comme s'il n'y avait personne.
Et là où il n'y aurait personne, c'est là où je me sentirais bien, où l'angoisse disparaîtrait.
J'ai si peu confiance en moi que j'ai été incapable de répondre à ma directrice de mémoire quand elle m'a demandé si j'avais trouvé difficile de faire ce qu'elle m'avait demandé de faire (parce que j'ai peur de répondre mal - ce qui n'a aucun sens avec une telle question), c'est terrible.
Assez comique quand on sait que l'une des autrices sur laquelle je travaille dit que le manque de confiance en soi est un péché mortel. (Mais pour avoir confiance en soi, encore faudrait-il se débarrasser de cette peur qui me ronge, me dévore, m'engloutit - et il n'y a plus rien d'autre que les miracles solitaires dans l'oubli des autres).
Je feuillette le journal d'Alejandra Pizarnik (en français) qui parle joliment de certaines émotions que je ressens.
Elle écrit quelque part que l'homme du sous-sol de Dostoïevski lui ressemble, ce qui m'a fait sourire : j'ai passé toute mon adolescence à le considérer comme mon alter ego (et à le détester, aussi).
Et sans y revenir vraiment, reste ce fantasme d'aller quelque part où je sois vraiment seule (certes pas un sous-sol ?)
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