Je préfère l'heure d'hiver - l'obscurité paraît s'étirer plus longuement, c'est entre chien et loup pendant des minutes infinies, c'est l'heure grise où les visages s'effacent, nous ne sommes plus que des ombres qui passent et moi je me grise de cet anonymat. Et puis, avant, c'est la lumière orange qui transperce les paupières - c'est l'éblouissement que les mois chauds n'ont pas, c'est la nuit montante dans la clarté chaude alors que le froid me prend les mains, les jambes, les joues.
L'automne - c'est ma saison. Je suis née dans la décomposition des feuilles. Je suis née à l'heure d'hiver.