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Questions/Réponses (1)

Une drôle de brume venue d'une autre dimension pour t'avaler tout cru.

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Les gens me semblent parfois figés dans une dimension parallèle tandis que moi, je court, dans un temps dilaté.
Je veux en finir avec cette partie de moi, cette empathie exacerbée, quand elle se ligue contre moi, c'est ma pire ennemie. 
C'est de moi dont je me méfie le plus. 
Tu es ici chez toi, oui, c'est à toi que je m'adresse, tu es cette légère anomalie au coeur de la matrice, qu'on remarque à peine, tu es cet insignifiant changement atmosphérique dont on ne s'aperçoit même pas. Sache que je te vois et que je t'attends.
Quand je n'ai pas mes doigts appuyés sur les touches de mon ordinateur, je décortique les contours de cette illusion qu'on nomme faussement "réalité". Autrement dit, je tourne en rond dans une marée sans fin de vacuité. Des fois, c'est beau, des fois, j'ai besoin de médicaments pour la supporter.  
J'ai sommé les rares amis ayant encore l'amabilité de prendre de mes nouvelles de me foutre aimablement la paix. Dorénavant, je ne veux plus croiser le chemin de leurs bouche qui dit bonjour, je suis encastré à l'intérieur de chez moi, les yeux vrillés dans ma coquille comme un escargot, je me laisse pénétrer par les ombres. Je suis dans un grand isolement orchestré par mes soins car à quoi bon m'avancer dans la lumière quand je la sais aussi loin de moi.
Je dérive inlassablement sur cette fine bordure en fil de lin qui sépare le rêve de la réalité. Je ne sais pas où ni quand ni comment je suis censé attérir, mais je sais que je ne suis pas sensé du tout.
J'ai des rêveries morbides dernièrement. Je rêve de longues griffes noiraudes et pointues qui écorchent le visage et la peau de parfaits inconnus, parfois jusqu'aux os. Je rêve des détails en parcimonie, j'ai des visions brèves sur les choses qu'on voit sous la chair béante, j'ai des aperçus stroboscopiques sur la façon dont les organes sont assemblés pour former un tout cohérent, comment les veines traversent leurs soubassements et s'enracinent dans leurs innombrables fentes. Je remarque la trajectoire des ciselures que j'opère sur ces corps en souffrance. Je veux que cela cesse mais ça m'inode bêtement. Je me relève en sursaut.
Rien de tout cela n'aurait dû se mêler de cette façon abominable.
J'aurai dû demeurer à l'écart des autres, assis seul, les mains croisés sur un quartier de ciel, à observer les oiseaux tremper leurs ailes tâchetées dans le sillage bleu et blanc de la voie lactée. Je n'aurai jamais dû influer sur le continuum espace-temps de cette dimension. 
ILS veulent empoisonner nos esprits en les trempant dans les variations chromatiques de nos écrans d'ordinateurs.
C'est terminé, elle est partie.
Je suis partout et nulle part à la fois. Je suis incessant. Je ne possède pas de limites.
Je vais me sectionner le coeur et l'offrir au marché de la poésie pour un prix qui ne vaudra jamais toutes les larmes que j'ai versées. Les larmes ont-t-elles un prix ? 
Je ne peux plus t’écrire de poésie, sans évoquer, des cœurs en amas frigorifiés et les yeux qui pendouillent, arrachés, des orbites de ceux qui ont osé te regarder. 
Comme la vie est stupidement taillée pour ne ressembler à rien de précis.
Tsk...Toi quand tu ne veux rien voir.
Je n'osai pas la toiser du regard. Elle n'en était pas consciente car elle même était occupé à me fuir du sien.
J'aime Dolly. Ce n’est pas parce qu’elle est inculpée dans un meurtre sanglant que je ne l’assume pas. Je l’aime car c'est – et cela va vous paraître étrange, chers lecteurs de première main - avant tout, un être sensible et léger, ce n'est pas de sa faute si sa nature lui impose de ne pas coller à la logique de cette terre. Il est vrai que je ne la verrai pas souvent, à la vitesse à laquelle nous avançons. Je ne la mets pas dans la confidence de mes craintes, de peur qu'elle s'affole et qu'elle ne déguerpisse de la voiture en piétinant, pieds nus, sur les traces de roues que nous avons imprimés sur l'asphalte rendu luisant par la lumière des phares, et la pluie drue, mais je doute que nous puissions semer les flics et ce malgré nos journées d'avance et nos combines plus efficaces que celles des évadés dans Prison Break. Nous finirons tôt ou tard, par nous faire coincer au tournant d'une ruelle quelconque, d'une ville quelconque. C'est triste de savoir que nos destins sont scellés. Nous serons happés, mis à terre sous la menace des kalash, des fusils d'assauts et nous serons plus que jamais, dangereusement, dans l'obligation de renoncer à nôtre amour... 
Je regrette de ne pas avoir connu Dolly sous un autre jour. Sans le meurtre, sans les combriolages, sans les courses poursuite. Nous aurions été des amis d'enfance que nous serions devenus inséparables. Nous aurions grandis sans peine, l'un-à-côté de l'autre et je serai devenu autre chose qu'un scénariste désabusé noyant sa carrière dans l'alcool. Elle aurait illuminé mes nuits tant que j'aurai illuminé les siennes. Dolly a cette tendance au détachement que j'apprécie beaucoup, l'esprit perpétuellement accroché sur un lambeau de ciel. Des fois, elle me fait croire qu'elle pèse moins lourd qu'une plume. L'oeil avide de connaissances oubliées et de secrets occultes, Dolly est une mordue de lecture, elle me raconte ses découvertes qu'elle enregistrait avec un magnétophone, cloisonnée dans sa chambre, le corps enfoui sous un drap. Elle cherche à comprendre ce que nous étions réellement avant d'être là dans la bagnole, nos origines lointaines. Elle a un coeur qui au premier coup d'oeil vous lance des éclairs froids et indélicats mais une fois pratiqué on ne incision, on le sens palpiter au gré des émotions profondes et des sensations pures.
Retour à soi-même. Fulgurant. Pleurs. Enormément de pleurs.
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