Ces états d'exaltation me rendent presque malade mais je sens que je ne vis que lorsque je les ressens.
(J'ai été dans une telle émotion euphorique que j'en ai eu la nausée en juillet. Presque vomir de bonheur, comme c'est curieux !)
Et tout le reste du temps : travailler, faire la cuisine, etc où je ne vis pas. (Oui, Anaïs Nin disait la même chose).
Je sais aujourd'hui (ô mes désirs fluctuants) que tout ce qu'il y a de mondain dans la vie ne m'intéresse pas, ne m'intéresse plus. Prendre des verres dans des bars, partir en voyage, "gagner sa vie", décorer sa maison, se distraire de toutes les manières possibles : rien de tout ça ne m'intéresse (sinon comme expérience poétique, et encore). Toutes ces années passées dans des désirs erronés en pensant qu'il fallait désirer ce que les autres désiraient.
Alors que mon envie de me consacrer à une vie "spirituelle" (le mot est beaucoup trop pompeux), disons intérieure ou émerveillée ou partiellement ascétique et très probablement érémitique est présente depuis longtemps en moi. J'étais amère mais il y avait des bourgeons d'émerveillement et maintenant que tout, tout, tout fleurit : que je me rende à la grâce que je sens (que je suis).
Dans une vie dénuée d'artifice : à se donner toute entière aux feuilles des arbres et aux feux du ciel. à la vie, à la vie, à la vie. à la sève et au désir.
(Comme j'étouffe de ne pas vivre dans cette vie là !)
Non, je n'ai aucun pragmatisme : je resplendis. Transmutation poétique de tout. Je ne suis qu'un instrument à métamorphose et c'est tant, c'est tant.