Je le sais, cette semaine, je ne dois pas me faire confiance.
Je sais aussi que je vais oublier, faire et dire des choses au mieux regrettables, au pire dangereuses.
Ça passera, comme à chaque fois. Je n’ai pas l’impression d’être moins raisonnable qu’à l’ordinaire, c’est ça qui est vicieux : je suis mes envies et soudain je me retrouve avec le numéro d’un inconnu rencontré dans les bois. Je n’aime pas me méfier, je déteste dire non tant qu’on ne me donne pas de raison valable de le faire. Pourtant, en toute innocence, je le voyais se rapprocher ; je me suis préparée à l’éventualité qu’il me couche contre l’arbre et s’engouffre dans mon cou. C’était suffisant. Je savais comment réagir : j’avais décidé où je frapperais en premier. 
Le soulagement de n’avoir pas eu à le faire a été terni par la réalisation de ce que ça voulait dire : je ne faisais que repousser le problème. S’il devait y avoir de nouvelles interactions, l’agression finirait par se produire. Il testait juste mes limites et je n’avais pas eu le courage de lui donner l’occasion, de faire le sourire de trop. De le regarder dans les yeux quand il me parlait. Ça paraît injuste de le ranger dans cette case, pourtant je sais au plus profond de moi que si je me retrouvais en position de faiblesse, il en profiterait. Je ne devrais pas savoir ça. Pourtant, dans son comportement, son regard, son insistance légère, je l’ai senti. C’est un sentiment bien étrange de savoir qu’un individu a ce potentiel. Je voudrais y retourner, je voudrais me prouver que je me fais des films et que tout n’est pas aussi primitif que je me l’imagine.
Mon désir de changer la fin du film m’a déjà fait défaut une fois, alors je vais tâcher de rester sage.