J'écris, naturellement, pour sublimer la douleur, pour qu'elle soit supportable,
J'écris, surtout, pour être aimée,
mais ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas,
j'écris pour être lue, pour combler la solitude, pour attirer la pitié, pour mendier de l'amour,
j'écris pour qu'on m'aime - quelle idiotie
j'écris pour quelqu'un, j'écris pour qu'il m'aime, je lui donnerais tous mes poèmes
j'écris pour quelque chose qui n'est pas possible : je ne suis pas aimable. L'écriture ne sert pas à être aimée. ça n'a de toute façon jamais marché. Je suis restée seule.
Je les ai regardé m'aimer - mais ça ne marche pas, non. Je donnerais n'importe quoi, je donnerais mon corps puisque ce n'est que ça qu'ils veulent : juste pour avoir l'impression d'être aimée
L'écriture n'a jamais servie qu'à vouloir être aimée : mais il faut arrêter d'écrire puisque ça ne marche pas, puisque après, c'est pire,
il faut arrêter d'écrire, partir dans un ashram (ça ou mourir), arrêter mes études littéraires, arrêter la littérature, jeter mes livres, faire place nette. Il faut jeter les livres, l'écriture et les mots.