Depuis qu'on a pu enlever les masques, je redécouvre les odeurs (le monde à travers les odeurs) et j'adore ça, explorer ces odeurs !
Je marche - et les feuilles par terre sont un parfum. Que je n'avais jamais fait attention à sentir. Les centres commerciaux : des bocaux que l'on ouvre quand on passe devant les boutiques (surtout les boutiques alimentaires du 2e étage. Senteurs agressives, désagréables, piquantes, sucrées mais charmantes malgré tout parce qu'elles sont la découverte).
Tout à l'heure, dans la boutique, je n'ai pas pu m'empêcher de dire à la vendeuse que le shampoing qu'elle me faisait sentir avait l'odeur des coulisses d'un théâtre. Cette odeur si particulière que j'aime, que j'aime. (J'aime d'abord les théâtres pour les sens : la poussière, les lumières aveuglantes, les coulisses toutes noires, les odeurs, oui). Elle était prise de court, n'avait jamais entendu ça. Mais moi non plus je ne saurais pas dire ce que sent un théâtre. Mais ces odeurs associatives me font sourire.
Mais mon odorat, oui, ça fait sens : la seule synesthésie que j'expérimente revient à pallier la faiblesse de mon goût. Les aliments prennent le goût de l'odeur des choses. Et quand j'y fais attention : un paradis absurde. Les endives cuites de midi avaient le goût d'un objet dont la matière hésite entre le plastique et le caoutchouc.

Il fallait sortir (poser les pieds dehors) et être démasqué pour découvrir la richesse de l'odorat. (Comme j'aimerais pouvoir enfermer l'odeur des lieux dans un flacon !)