Et le dsbm c'est CLAIREMENT pas les pro-ana où on s'encourage à se détruire. Non. Dans le dsbm je l'ai déjà dit mais c'est "juste" là pour accompagner la souffrance, tenir compagnie, faire se sentir moins seul, partager des moments difficiles, aider à se défouler. Oui ça contient souvent des idées nihilistes, mélancoliques et pessimistes - ça reste du black metal - mais de façon très... soulageante? C'est assez dur à expliquer, mais il y a une certaine paix, oui une certaine paix de l'âme, un certain calme, très beau mais très confus et étrange, mêlé d'angoisse et d'incertitude, mais je le sens personnellement, et je sais qu'on est beaucoup à le sentir. Et pas juste le dsbm, mais le black metal en général.

Comme j'ai vu un gars le dire une fois: "Black metal is Humanity's cry out for a return to Nature."
Et comme mon ami qui m'a aidé à me lancer là-dedans a dit, le black metal c'est typiquement l'équivalent musical et moderne des poètes maudits tel que Baudelaire. (S'il avait vécu à notre époque il aurait fait du black metal, c'est sûr!)

C'est émotionnel, poétique, cru, à vif, tourmenté, torturé, mélancolique, déchirant, mais bordel que c'est beau et qu'est-ce que ça fait du bien.

Alors certes, ce n'est pas pour tout le monde et c'est très spécial. Certes ça n'aide pas spécialement quelqu'un à vaincre la dépression ou les pensées suicidaires (et comme dit une vraie thérapie reste nécessaire pour tenter de s'en sortir) mais... ça aide dans le sens où ça accompagne. C'est peut-être très passif et je suis sûr que beaucoup pensent qu'accompagner quelqu'un dans sa douleur est aussi horrible voire pire que de directement dire à quelqu'un de se suicider ou de se couper. Mais voilà, moi c'est ce dont j'ai besoin personnellement.

On espère bien sûr toujours un jour pouvoir s'en passer, et on espère toujours aussi qu'un groupe passe du dsbm pur et dur à du post-black ou du melancholic black car ça voudrait qu'ils vont mieux tout en gardant leur part de mélancolie, de "spleen".

Mais voilà. C'est pas le diable. C'est pas un genre musical horrible et dangereux. Si tu veux que ça le soit oui ça le sera. C'est comme tout. Mais en l'état, intouché, sans interprétations malintentionnées, c'est juste... un témoignage poignant de la douleur humaine, du fardeau d'avoir une conscience, de souffrir d'alcoolisme, d'abus de drogues, de viols, de violences familiales, de maladies mentales, d'isolation sociale, voire du traumatisme d'une enfance passée dans un pays en guerre civile.

Mais que de telles souffrances un art peut jaillir et qu'on peut trouver de la beauté partout, et que la vie peut continuer malgré tout - ou s'éteindre, en paix.

Vocaliste de Psychonaut 4 (groupe de post-soviet suicidal black metal) avec son fils. Voilà. En apparence c'est pas grand chose comme photo mais je la trouve puissante. La vie continue, malgré toutes les horreurs qu'on a connues, et on peut trouver une raison de vivre, une certaine joie de vivre, n'importe quand, chez n'importe qui, n'importe où...