Un jour, le dégoût pointe le bout de son nez et l'Autre apparaît alors à nos yeux comme étant l'être le plus laid qui soit. Sa bouche, que l'on découvre hideuse, n'est rien de plus qu'une cavité sombre, répugnante, d'où s'échappent des mots que l'on n'écoute plus ; comment inaugure -t-on la découverte d'une erreur ? "On ne dit rien. On s'éteint, lentement, comme ces ampoules jaunes à l'éclat doux, rassurant qui sombrent avec élégance pour laisser la place au Noir. Le Repos. Et alors, nous voilà lâchement soulagés de ne plus avoir à nous battre. Voilà la pénitence : fixer cette bouche qui condamne, qui crie, qui frappe le jugement qu'on connaît par cœur.." Verbiage poétique lâche et défaitiste. Si le corps se dresse vaillamment face au Bourreau, le cœur, lui, c'est vrai, se recroqueville, terrifié et le cerveau se glace mais cette peur, qui nous pourrit les os et tord nos entrailles, se métamorphose. Elle devient amère. Les dents se crissent et les poings, pour la première fois, se serrent. Le dégoût pare la peur dans nos yeux d'une couleur nouvelle, le Défi. Alors, on se dit qu'on ne baissera plus jamais les yeux. Le corps n'a plus peur. Les yeux n'ont plus peur. On bouillonne intérieurement, on mord nos lèvres, mâche notre langue. La découverte de l'Autre nous anime comme une bête , acculée avec sa progéniture au bord d'un précipice. Pour la première fois, on hésite, écartelés entre l'idée absurde mais salutaire, que l'on pourrait faire face à ce géant de Terreur et cette raison traître, dévoyante, qui nous intime de nous coucher, comme toujours.

JDR