"Puisque le bouddhisme rejette l'idée d'un univers passant de la non-existence à l'existence, comment conçoit-il l'origine du monde ? Il parle d'une « potentialité » qui aide les phénomènes à se manifester. Si le monde apparaît, c'est parce qu'un potentiel de manifestation était déjà présent. Ainsi, la vacuité n'est pas seulement la nature ultime des phénomènes, elle désigne également le potentiel qui permet à ces phénomènes de se déployer à l'infini. Cette idée de potentiel de manifestation, de potentialité de l'espace rappelle étonnamment la notion du vide plein des physiciens : on l'a vu, le vide de l'espace est rempli d'un champ de Higgs qui, en se cristallisant au cours du refroidissement de l'univers, donne naissance au monde et à son contenu ; à cause du principe d'incertitude, l'espace vide pullule de particules virtuelles qui peuvent entrer dans le monde réel dès lors qu'elles sont en présence d'un champ de gravitation intense.
Le bouddhisme n'accepte donc pas l'idée d'un début de l'univers avec l'apparition simultanée du temps et de l'espace. Parce que tout est interdépendant, le monde conditionné est sans commencement, car chaque état doit être nécessairement causé par un état précédent qui n'est pas le néant mais qui représente une potentialité. Du point de vue de la vérité absolue, il n'y a ni création ni cessation. Rien ne peut commencer à exister ni cesser d'être. L'univers n'a donc ni commencement ni fin." « Le Tao du vide », La Plénitude du vide, Trinh Xuan Thuan