Je suis un radeau sur une mer calme. Elle n'est pas déchaînée non, elle fait juste dériver les marins perdus comme moi. Le radeau s'égare, il se perd, la nuit est froide et plus aucun repère. On entend le tumulte des vagues lointaines de là où je suis. Un phare au loin m'appelle : espérance. Mais non. J'essaye de rediriger mon esquif là où le soleil se lèvera, mais rien à faire, je ne suis plus le capitaine, je ne contrôle plus rien, c'est fini, je ne sortirais plus jamais de cette immensité solitaire. On dirait autour de moi que quelques bicoques pataugent aussi, elles sont piégées dans des remous menaçants. Tout s'affaiblit dans cette nuit, les bruits s'isolent et s'évanouissent. Mon radeau est à nouveau seul. C'est difficile de sortir de cette grande ombre qui t'engloutit quand tu as oublié vers quel port tu devais allais.