Les bras de Morphée

Dans le travestissement des nuées, 
Brûle le murmure des mélopées, 
Au rebord de sa fenêtre usée, 
Pierrot se noie dans Morphée. 

Laissant s’évanouir ses pensées asphalte, 
Il plonge, délice! profondeurs cobalt,
Meurtri par les douces violences qu’exalte,
Le désir dur, né de la tour de basalte. 

Il suffoque, et se disloque, 
Ses mots pendent à ses loques,
Crissement de cris ventriloques 
Et la peau, et les silences s’entrechoquent.

Entêté, Morphée ressert son étreinte, 
Il aspire à nouveau cette morne flamme éteinte,
Pierrot, dans ses larmes et lamentations restreintes,
S’abandonne à l’extase, auparavant si crainte.