"La notion d'interdépendance nous pousse à remettre fondamentalement en cause notre perception du monde et à avoir continuellement recours à cette nouvelle perception pour réduire nos attachements, nos peurs et nos aversions. La compréhension de l'interdépendance doit mettre à bas le mur illusoire que notre esprit à dresser entre « moi » et « autrui ». Elle rend absurdes l'orgueil, la jalousie, l'avidité, la malveillance. Si non seulement toutes les choses inertes, mais tous les êtres sont reliés, nous devons nous sentir intimement concernés par le bonheur et la souffrance des autres. Vouloir construire son bonheur sur la souffrance d'autrui et non seulement amoral, mais irréaliste. Les sentiments d'amour universel (défini dans le bouddhisme comme le désir que tous les être connaissent le bonheur et les causes du bonheur) et de compassion (le désir que tous les êtres soient délivrés de la souffrance et des causes de la souffrance) sont des conséquences directes de l'interdépendance. Prendre conscience de l'interdépendance engendre ainsi un processus de transformation intérieure qui se poursuivra tout au long du chemin de l’Éveil spirituel. Sinon, ne pas mettre nos connaissances en pratique, c'est ressembler à un musicien sourd ou au nageur qui meurt de soif par crainte de se noyer en buvant."« L'Univers dans un grain de sable », L'Infini dans le paume de la main, Matthieu Ricard et Thrinh Xuan Thuan