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rise like two angels in the night and magically disappear

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h.c


bête vorace, assoiffée de pureté,
dans ses bras creux il voulait l’étouffer,
sa langue l’infectait de son âme immolée 
(l’élixir de sa solitude
mais que sont ces illusions, dévotion ou désir?)

ses poings, son sang, ecchymoses brûlants,
ses ailes maladives cherchaient sa lumière sombre,
une luciole, seule, perdue dans ses décombres
(ses yeux, sa Terre...
il l’a tachée de sang)

et ce poison dans son cœur, putride, huile rance,
l’emplît de bile indigeste et de ruines d’antan 
sont-ce les cloches qui sonnent?
(prétendre qu’elle ne ressent rien, 
ne pas lui envoyer ce pieu,
qui lui traverserait la moelle, viendrait taillader son cœur)

coup de grâce.

le dégoût l’habite, lourd et souverain... non! ne reviens pas,
les bacchantes de son passé te lacéreront...
fin agresseur, infâme meurtrier,
sangsue des âmes innocente trépassées 
(assassinées)
tu pourrira seul, avide d’absolution 

the doomed lovers

the Moon blessed me with a glimpse of us as lovers. a vision, a thousand years ago. imperiously severe lovers, nocturnal spirits bound to each other. our bones made of velvet shivered as the wind whispered to us forgotten poems from time immemorial, gold-tinted tragedies of Light and Despair. i felt myself burning under your tender gaze, i wanted you to become the melting snow captured in the underground valleys i’d find refuge in during fierce thunderstorms.
sacred

the stillness of the night surrounded us. the air was still pervaded by the stench of blood. white blankets of snow all around. two wounded deers beguiled by the beauty of blissful solitude
shape of red (2020)

blue snow in the night, i find solace in your kisses 
Obtus onirique

La reliure de deux droites libres,
D'ici s'échappe, rêveur, un livre ouvert,
Fracas de mâts, tempête de vers,
L'inspiration vient, elle et son bateau ivre.

Quand soudain, l'oiseau au loin, déploie ses ailes;
Hâte-toi donc! dresse la table,
L'unique rencontre du thé et de la feuille d'érable,
Ressurgit de ton sommeil de flanelle.

Je suis un radeau sur une mer calme. Elle n'est pas déchaînée non, elle fait juste dériver les marins perdus comme moi. Le radeau s'égare, il se perd, la nuit est froide et plus aucun repère. On entend le tumulte des vagues lointaines de là où je suis. Un phare au loin m'appelle : espérance. Mais non. J'essaye de rediriger mon esquif là où le soleil se lèvera, mais rien à faire, je ne suis plus le capitaine, je ne contrôle plus rien, c'est fini, je ne sortirais plus jamais de cette immensité solitaire. On dirait autour de moi que quelques bicoques pataugent aussi, elles sont piégées dans des remous menaçants. Tout s'affaiblit dans cette nuit, les bruits s'isolent et s'évanouissent. Mon radeau est à nouveau seul. C'est difficile de sortir de cette grande ombre qui t'engloutit quand tu as oublié vers quel port tu devais allais.
Les bras de Morphée

Dans le travestissement des nuées, 
Brûle le murmure des mélopées, 
Au rebord de sa fenêtre usée, 
Pierrot se noie dans Morphée. 

Laissant s’évanouir ses pensées asphalte, 
Il plonge, délice! profondeurs cobalt,
Meurtri par les douces violences qu’exalte,
Le désir dur, né de la tour de basalte. 

Il suffoque, et se disloque, 
Ses mots pendent à ses loques,
Crissement de cris ventriloques 
Et la peau, et les silences s’entrechoquent.

Entêté, Morphée ressert son étreinte, 
Il aspire à nouveau cette morne flamme éteinte,
Pierrot, dans ses larmes et lamentations restreintes,
S’abandonne à l’extase, auparavant si crainte.    
Je ne peux plus tisser de liens avec les gens. Il y a une frontière infranchissable entre le monde et moi, je ne peux plus briser ce mur. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais je me trouve dans l'incapacité à garder de l'intérêt pour les inconnus, même s'ils me semblaient attirants au premier abord. Je vais parler à quelqu'un pendant deux semaines, puis, petit à petit, j'espacerai les discussions avec cette personne, de plus en plus, discrètement, avant de disparaitre complètement de sa vie. Je croyais que ce système de fuite ne m'était plus utile mais j'ai recommencé à me distancer d'eux. Jamais je ne pourrai me lier à eux réellement, j'aurai toujours cette impression que je ne suis pas assez pour eux, pas assez intéressante et digne d'affection. Personne ne peut m'aimer vraiment, je ne les laisse jamais voir qui je suis. Et qui donc pourrait éprouver plus que de la pitié pour un masque ?
le vent et l’homme

LE VENT: Je l’ai encore vu aujourd’hui. Je ne connais pas son nom, mais c’est un jeune humain. Il vient toujours s’asseoir entre les rochers, sur ces dunes en face de l’océan. Dès que j’ai posé mon souffle sur lui, j’ai paniqué, j’ai laissé partir de violents tourbillons. Il est alors tombé, peut-être tombé amoureux, qui sait ? J’ai trouvé ça touchant, j’aime bien recevoir de l’attention. Il est d’ailleurs plutôt beau pour un humain. C’est à ce moment là que j’ai su qu’il changerait ma façon de voir, de ressentir l’univers. Je pensais être condamné à aimer ces dunes abandonnées, ces rochers solitaires, cette coupole azurée ou cet océan sans fond mais…Aurais-je un penchant pour les humains ? Moi, le vent qui parfois prend plaisir à transpercer les voyageurs perdus, à les cingler de mes bourrasques, j’ai soudain envie de me montrer doux et caressant rien que pour lui. S’il vient ici, détaché de l’agitation humaine et des bruits extérieurs, c’est pour moi. Je l’inspire, je suis sa muse. J’expérimente. Je viens à lui sous divers masques, diverses formes. Il frémit quand je m’amuse avec ses cheveux. Ses joues se colorent quand il me respire. Et je l’entends murmurer mon nom d’une voix douce comme les matins de printemps. Il écrit sur le vent. « Amour ». Je crois que c’est ce que les humains appellent « amour ». Mais les mots ne sont pas nécessaires, c’est toute une évidence. Je peux être une légère brise d’été si je le veux. Je le serai, rien que pour lui. Nous serons amoureux, dans le plus grand secret. Il me sourira sans me voir, et moi je le bercerai. Idylle éthérée. Nous passerons notre vie ensemble, unis par ce fil invisible. Il verra d’autres filles, d’autres garçons, il les embrassera et les enlacera mais je sais que je serai toujours le premier à l’émouvoir. Et la nuit, quand il sera seul au milieu de ses cauchemars, il pensera à moi, je le calmerai. Il reviendra sur ces dunes, et j’essuierai ses joues ruinées avec un léger souffle. J’écouterai son cœur qui bat pour moi. Il saura que je serai toujours là pour lui. Moi, son premier frisson, son amour d’adolescent. Je suis vent, il est humain. Nous ne pourrons jamais nous aimer comme le font les humains entre eux. Mais nous tisserons une romance, sans mot, sans parole, une union secrète et sublime.
J'ai encore envie de voir l'aurore s'étendre sur moi et m'envelopper de sa chaleur mais je sais plus si ça vaut quelque chose, si au fond ça m'apportera quelque chose, je me sens plate comme si un rouleau-compresseur s'était écrasé sur ma cervelle et m'avait anémiée. J'ai l'impression de me laisser emporter par le temps, il faut juste prendre le wagon de la vie et s'accrocher par habitude. Et demain tout se répètera, et les semaines se répèteront aussi et tout s'enchaînera dans ce cycle irrémédiable, une ronde infernale, un étau qui m'oppresse encore. J'ai besoin de respirer et de sentir que j'ai ma place dans l'univers.
Aujourd'hui est comme hier, et est probablement l'avant-goût de demain.
 Je me suis levée de mon fauteuil trop petit pour moi, et je me suis dirigée vers la fenêtre. Les jours passent et se ressemblent tous, je vois la même chose dehors. Que des voitures qui défilent sans me jeter un moindre intérêt, et les feux tricolores qui continuent leur valse incessante, valse qui prend ses sources dans le génie des hommes, valse qui emportera tout avec elle et mon espoir avec. Y a rien dehors d'intéressant, y a personne. Je suis qu'un grain de sable dans l'immensité de cette Terre vide de sens. Je suis l'eau dans la baignoire qui s'évapore après le bain. Je suis le bruit de la porte qui grince et qui disparaît après le mouvement du levier, comme si on lui avait dit de se taire. Je suis rien d'important, je suis la quintessence de l'absence, quelque chose que rien ni personne ne peut capturer et qui n'existe même pas. Je suis toi. Je suis l'Univers.
Ce soir, je ressens le besoin oppressant d'écrire. Pendant quelques années, j'ai arrêté de vomir des mots comme j'en avais l'habitude. Mais j'ai la certitude que je dois décrire ce que je vois, ce que je perçois avant qu'il ne soit trop tard. Aujourd'hui a été une journée comme toutes les autres. Le midi on a regardé la télé en mangeant sans avoir rien à se dire. L'après-midi, j'ai été dans ma chambre et j'ai dormi. Le temps passe tellement vite quand on dort. On pense plus à rien, c'est fabuleux. Ensuite, j'ai traîné sur mon portable, sans pour autant m'intéresser vraiment à ce qui se déroulait sous mes yeux, derrière le clavier. J'ai survolé des œuvres de Chirico, j'ai écouté un peu les Arcade Fire avant d'aller m'avachir sur le canapé dans une couverture. Le soir, on est allés au resto, et j'avais même pas remarqué que Pauline était dans la même salle que moi. Je la connais pas mais je la trouve jolie. Ça m'a gênée et fait piquer un fard. À onze heures on était la dernière table et on est allés payés, on est partis. On s'est promenés dans la ville sous les lampadaires et les jets d'eau illuminés jetaient des éclairs verts et rose dans mes yeux. J'ai vu des couples assis sur les bancs, ils avaient l'air heureux. Des filles avec des filles, des gars avec des gars, des filles avec des gars, puis je me revois : moi, je suis toute seule. J'ai ni fille ni gars sur qui je peux poser ma tête sur un banc, parce que moi, je suis bancale, je suis un peu fêlée, au fond. C'est peut-être pour ça que je veux pas d'engagement, pas de promesse mais que paradoxalement je rêve de lettres manuscrites débordant d'amour et de fleurs odorantes pour la Saint-Valentin. Et ce mal de tête qui va finir par me lacérer.